''Les Miscellanées de Mr Schott'', des petits riens à 100.000 exemplaires
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par aNaKRoN67 le, 08-03-2006
PARIS (AFP) - Un petit livre au titre étrange, "Les miscellanées de Mr. Schott" (Allia), est le best-seller surprise de ce début d'année, avec plus de 100.000 exemplaires vendus, uniquement grâce au bouche à oreille.
"Ce livre, je l'ai acheté à un prix albanais" -2.500 livres (3.650 euros)", jubile Gérard Berréby, le directeur des éditions Allia.
"Nous n'avons pas acheté 1 cm2 de publicité, pas une seconde d'antenne radio ou télé. J'ai acheté les droits du livre et je l'ai publié, c'est tout", souligne cet éditeur indépendant, ravi de ce succès inattendu.
Le bouche à oreille a fait le reste. "J'ai compris en janvier que chaque acheteur nous en amenait trois ou quatre autres sans problèmes", dit-il.
Quatre mois après sa sortie en librairie, "Les Miscellanées..." n'ont même jamais aussi bien marché et 25.000 exemplaires ont été vendus en février.
"Les Miscellanées de Mr Schott", c'est une sorte d'almanach à l'ancienne, un cocktail anglais de choses inutiles et d'informations sans importance. On y apprend comment nouer un noeud papillon, le jargon des bistrots ou la liste des "provisions embarquées à bord du Titanic".
160 pages de petits riens, de "mélanges scientifiques ou littéraires" (selon la vraie définition de miscellanées), écrits "pour s'amuser" par un Anglais de 31 ans, Ben Schott, et déjà vendus à 850.000 exemplaires dans le monde.
Un succès qui avait échappé aux poids lourds de l'édition française.
"Quand j'ai parlé avec les Anglais, j'ai compris que l'auteur ne s'attachait pas qu'à l'aspect financier, souligne le patron d'Allia. On n'a pas cherché à faire un coup, on a travaillé sur ce livre avec le plus grand sérieux".
Les thèmes qui ne parlaient pas suffisamment au public français - comme l'argot des public schools - ont été adaptés ou supprimés. Au total, 18% à 20% de l'ouvrage ont ainsi été remaniés.
Et la mise en page, notamment pour faire correspondre textes et tableaux, a été très contraignante. Statistiquement, un texte traduit de l'anglais en français est en effet 15% à 20% plus long que l'original.
A sa sortie, le livre a même trouvé plusieurs publics. "Il y a plein de degrés de lecture. On peut le lire comme une mini-encyclopédie de connaissances. Mais des magazines branchés l'on relié à la démarche de Georges Pérec, de l'Oulipo, de la recherche sur la langue", explique Gérard Berréby.
Le lecteur qui pioche au hasard des pages tire lui même les ficelles de l'ouvrage. "Il y a une tournure d'esprit typiquement anglaise qui consiste à mettre les choses apparemment sur un pied d'égalité pour en montrer l'absurdité", souligne l'éditeur.
"Je pense qu'on va faire 200.000 exemplaires, dit-il. On va se servir de cet argent pour faire des choses de grande qualité".
("Les Miscellanées de Mr Schott", par Ben Schott. Editions Allia. 159 pages. 15 euros)