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Des tenues pour les mariés gays, la dernière provocation du styliste Molaro

dans la rubrique : Dans l'actualité - Sur le net : Culture et Loisirs
par aNaKRoN67 le, 02-02-2006

NAPLES (AFP) - Il avait choqué en faisant défiler une mannequin nue sous sa burqa fendue, et voilà que Gianni Molaro, styliste napolitain de 40 ans, renoue avec la provocation en lançant des tenues de mariage pour les homosexuels dans une Italie où le sujet reste encore tabou.
C'est grâce à la robe de mariée, symbole des plus traditionnels, que le créateur s'est révélé au petit monde de la mode.

Gianni Molaro entre en 1992 dans le Guinness des records en cousant le voile de mariée le plus long du monde (328 m) puis présente deux ans plus tard la robe nuptiale la plus large et la plus lourde de tous les temps (13 m de diamètre pour 218 kg). En 1997, il coud également la robe de mariée la plus chère au monde, rebrodée de 6.000 diamants.
Ce n'est qu'en 2002 que certains médias et groupes conservateurs lui apposent l'étiquette de "styliste transgressif" lorsqu'il ose faire défiler une mannequin affublée d'une longue burqa fendue du cou aux chevilles de façon à laisser largement apparaître son corps nu orné d'un minuscule string de paillettes.

"Mon idée était de libérer les femmes, et pas seulement celles du monde arabe, de l'hypocrisie des sociétés à dominante masculine", explique à l'AFP Gianni Molaro, qui se décrit comme "un créatif racontant ses visions du monde moderne".
Car si les robes immaculées parfaitement alignées dans sa petite boutique mariage de la place des Martyrs donnent une image plutôt lisse du styliste, son immense atelier de San Giuseppe Vesuviano, à 15 km de Naples, est un amoncellement éclectique de tableaux religieux et de ses propres créations artistiques.

Couturier certes mais aussi artiste, Gianni Molaro peint et sculpte, joue des pinceaux sur ses robes et va même jusqu'à les accrocher au mur comme autant de tableaux précieux.

Ses robes, des fourreaux qui s'évasent brutalement, sont peuplées de visages énormes ou recouvertes de paysages hallucinés façon Salvador Dali. Parfois tapissées de gratte-ciels éventrés et de corps torturés, elles témoignent des traumatismes laissés dans l'imaginaire du styliste par les attentats terroristes de ces dernières années.

A la mi-janvier, Gianni Molaro, qui ne fait pas mystère de son homosexualité, donne une nouvelle impulsion à son thème fétiche du mariage et présente ses "premières créations" destinées aux marié(e)s gays et lesbiennes.

"C'est évidemment une provocation car il n'existe pas en Italie de mariage ou d'union civile pour les couples de même sexe. Pourtant, leur légalisation générerait une énorme manne économique avec plus de voyages de noce, de cadeaux de mariage, de fêtes", souligne ironiquement Gianni Molaro.

"Mais le vrai problème de l'Italie, c'est l'Eglise catholique: pour moi il y a une véritable guerre entre les homosexuels de la société et les homosexuels du Vatican, ces derniers sont nombreux à détenir un pouvoir au sein de l'Eglise et ne veulent pas que les choses changent à l'extérieur", estime-t-il.

Alors pour les couples masculins qui voudraient quand même célébrer leur mariage, le styliste conseille une veste noire au col de satin sur une chemise boutonnée jusqu'au cou, pourquoi pas avec un jeans porté sur des bottines en serpent.

Les femmes pourront elles revêtir une robe blanche à condition que le voile, "signe de soumission", disparaisse. Si l'une d'entres elles le désire, elle peut s'afficher en costume d'homme.

Enfin, détail indispensable pour Gianni Molaro, chacun devra orner son cou du classique bijou porte-bonheur napolitain, en corail noir pour les hommes et rose pour les femmes, "gravé du prénom de l'être cher".

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